mercredi 5 juin 2019

J'ai fait un test ADN généalogique ...

Et voilà, j'ai craqué, je l'ai fait ... Après avoir parcouru moult blogs et forums, bien réfléchi au fait que mon ADN n'allait plus m'appartenir, et en étant parfaitement consciente de commettre un acte illégal, j'ai commandé un kit d'analyse ADN chez MyHeritage !

Entendons-nous bien : je ne fais pas de prosélytisme en faveur de MyHeritage, je ne touche aucune commission, mais, tout simplement, c'est le seul site de ce genre qui soit en français, ce qui simplifie grandement les choses sur un sujet assez technique. De plus, leurs ventes en France sont en train d'exploser, et leur base de données s'enrichit à grands pas.

Ce test comprend deux volets : les origines ethniques et la recherche de cousinages.

Concernant les origines ethniques, les résultats sont à prendre avec précaution, en raison de deux facteurs :
- le peu d'individus français déjà testés
- la position géographique de la France, au carrefour de l'Europe de l'Ouest, ce qui a entraîné une grande diversité de populations sur son territoire. Le patrimoine génétique d'un basque n'est pas le même que celui d'un alsacien, qui lui-même n'a rien à voir avec celui d'un breton ou d'un auvergnat.
Donc, même si vous avez établi par des moyens plus classiques que vos ancêtres sont installés depuis des temps immémoriaux dans le même coin de la Saintonge ou du Morvan, MyHeritage ne vous dira jamais que vous êtes français. Un breton sera considéré comme anglais, un occitan, espagnol, un provençal, italien, etc ...

Pour moi qui suis de l'Ille et Vilaine et du Morbihan depuis au moins aussi longtemps que les archives permettent de remonter, soit le XVIè siècle, voici mes résultats :


Au premier coup d'oeil, il est clair que les trois zones principales se recoupent en un point qui est la Bretagne.
Les résultats plus détaillés donnent :
54.9 % bretonne, irlandaise, écossaise, galloise. MyHeritage commence donc à donner des résultats plus affinés, par province française. Que les bretons soient proches génétiquement des irlandais, écossais et gallois, c'est logique, vu que la Bretagne a toujours plus échangé par mer que par terre. Des allers-retours d'une côte à l'autre se sont effectués depuis les temps préhistoriques, pour le commerce ou pour la guerre.
5.3 % anglaise, même explication.
29.2 %, ouest et nord-européenne. C'est l'apport continental, sachant que mes ancêtres sont aux trois quarts de la région de Rennes, aux portes de la Bretagne.
10.6 % ibère. Le pourcentage d'ibères se retrouve très fréquemment chez les bretons, voici une explication tirée de Wikipédia : " Les Ibères descendent des premiers habitants de l'Europe occidentale et sont les héritiers de la grande culture mégalithique de ces régions. Cette explication s'appuie éventuellement sur des études génétiques. Les Ibères seraient apparentés aux Proto-Celtes du Ier millénaire av. J.-C. qui ont peuplé la France, la Grande-Bretagne et l'Irlande ."

Ces résultats sont donc sans surprise, et parfaitement cohérents avec ce que je sais de mes origines. Me voici donc rassurée sur la fiabilité du test.

Passons au second volet, qui va me demander beaucoup plus de travail de recoupement et de compréhension : les correspondances.
Voilà que j'ai 487 cousins potentiels, surgis d'un peu partout, de France, mais aussi des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, du Canada, d'Australie ...


 Logique là aussi, des collatéraux des siècles passés ont dû émigrer vers le Nouveau Monde et y avoir une descendance. Voilà peut-être un moyen de retrouver mon arrière-arrière-arrière-grand-oncle qui quitta son Morbihan natal pour émigrer au Mexique et dont la famille n'eut plus jamais de nouvelles ... Le jour où je verrai un mexicain dans mes correspondances, je lui saute dessus !
 
 Pour exploiter au mieux ces correspondances, il faut classer les résultats par le pourcentage d'ADN partagé, et par le nombre ou la longueur de segments d'ADN.
Huit correspondances sortent du lot, essentiellement des français, mais aussi deux canadiens anglophones de la même famille.
J'envoie donc des messages à tout ce petit monde, via la messagerie interne de MyHeritage, et en anglais pour mes potentiels cousins du Canada.
Le soir même, j'ai déjà deux réponses de correspondants français, celle d'un monsieur également breton avec qui nous convenons de pousser nos recherches plus avant, et celle, enthousiaste, d'une cousine avérée (coucou Marie !) dont je connais la maman dans la vraie vie, et avec qui je partage la même arrière-grand-mère. Notre parenté établie par les actes est bien confirmée par la génétique, je peux donc continuer mes recherches en confiance.
 
Alors, faut-il faire ce test ? Oui, mais ... il faut savoir que le pire et le meilleur peuvent en sortir.
Si par exemple, vous offrez un test à votre papa (MyHeritage fait des promos pour la Fête des Pères, ce qui est d'un goût douteux), et que vous vous apercevez que vous ne partagez aucun ADN avec lui ... vous imaginez ? Le risque est bien présent : 
Mais il existe également de belles histoires :
Néanmoins, nous sommes tous concernés par ce genre de problématique ; les enfants de père inconnu ne sont pas rares au XIXè siècle, j'en ai déjà parlé ici et là. Peut-être pourrai-je ainsi retrouver le père biologique de mon arrière-grand-père ?
Qu'on le sache, et quoi qu'on en pense par ailleurs, ces tests ADN vont bouleverser de nombreuses relations familiales. Nous ne pouvons pas empêcher qu'un frère, une nièce, ou un petit-fils fasse ce test, et nous apprenne ainsi que notre grand-oncle Auguste a semé des enfants un peu partout, que notre tante Léontine a dû abandonner un bébé à la naissance, que notre cousin Victor était de l'Assistance Publique, etc ...

Ceci posé, combien coûte cette expérience ? MyHeritage fait souvent des promotions : avec les frais de port, ce test m'a coûté 68 €. Trois semaines après la commande, j'ai reçu un coffret contenant les explications nécessaires pour activer le kit sur internet, deux petits tubes et deux grands cotons-tiges. On frotte les cotons-tiges à l'intérieur de chaque joue, en ayant pris soin de ne pas avoir mangé, bu, fumé (ou fait un french kiss) dans les heures qui précèdent. On met les bouts de coton-tiges dans les tubes, on glisse les tubes dans l'enveloppe bulle qui est fournie, et on affranchit le tout pour 1€30 à destination de Houston, Texas, avec un petit frisson de crainte complotiste en se demandant si on ne fait pas une bêtise ...
Un mois plus tard environ, un mail m'informe que mes résultats sont disponibles sur le site de MyHeritage. Ces résultats sont enrichis quotidiennement de nouvelles correspondances, je n'en suis donc qu'au tout début de mes découvertes.

Par la suite, il est possible de dresser de savants tableaux pour comparer les segments d'ADN partagés, de télécharger ses résultats sur d'autres sites en anglais pour trouver de nouvelles correspondances, d'effectuer d'autres tests plus coûteux pour déterminer de quel groupe de chasseurs-cueilleurs du Néolithique on descend, etc ...
Je n'en suis pas encore là, le champ des possibles est immense, et je ne manquerai pas de vous tenir au courant des résultats.