mardi 15 septembre 2020

Une photo de mariage

Pour paraphraser Marcel Pagnol, je pourrais dire « qu'ils étaient mon grand-père et ma grand-mère de toute éternité … »

Pourtant, avant que je les connaisse dans leur vieillesse, mes grands-parents ont eu une vie, de la famille, des amis, qui leur étaient chers et qui me sont inconnus.

Sur leur photo de mariage, le 13 septembre 1930 à Rennes (Ille et Vilaine), ils étaient entourés de ceux qu'ils aimaient et qu'ils avaient voulu près d'eux en ce grand jour, et moi, je n'y voyais quasiment que des visages étrangers …


Alors, je me suis mise en chasse de ces 32 personnes, pour reconstituer l'environnement familial et amical de mes grands-parents, et je vous emmène dans cette aventure, pleine de belles découvertes, et au parfum d'enquête policière.

En premier lieu, voici mes grands-parents, René BAILLEUL et Marcelle GACEL :

René BAILLEUL et Marcelle GACEL

Ensuite, il n'y a que trois autres personnes seulement que j'ai eu la chance de connaître « en vrai » :

Jean BAILLEUL, frère de mon grand-père :

Jean BAILLEUL

Ma chère « Tante Angèle », Angèle GERNIGON, tante par alliance de ma grand-mère, et qui fera sûrement l'objet d'un article à venir :

Angèle GERNIGON

Lydie BERTHON, que j'ai déjà évoquée dans «Jean Marie LERAY, de la Bretagne à la Gironde" , et qui était une cousine éloignée (géographiquement également) de mon grand-père, mais qui a toujours entretenu d'étroites relations avec notre famille, et qui a même épousé un rennais trois ans plus tard :

Lydie BERTHON

Deux autres personnes sont décédées bien avant ma naissance, mais j'ai tellement entendu parler d'elles et j'en possède tant de photos qu'il m'est facile de les identifier :

Marie SICOT, mère de mon grand-père, veuve, ce qui signifie que le père du marié, Jean BAILLEUL, ne se trouvera pas sur cette photo. Vous trouverez le récit de sa vie dans : "Jean BAILLEUL ou la Belle Epoque".

Marie SICOT

Jean-François FITAMANT, qui a fait l'objet de mon tout premier article dans «Tonton Francis», et qui était le beau-frère des parents du marié :

Jean-François "Francis" FITAMANT

Ce qui fait en tout 7 personnes identifiées sur 32 : au travail pour les 25 restantes !

C'est l'aide de mon père que je demande tout d'abord, mon père étant le seul enfant du couple (hormis une petite Jacqueline, décédée à l'âge de 3 ans). Papa a la mémoire qui flanche, mais reconnaît spontanément quelques personnes :

Marguerite GACEL, sœur de ma grand-mère :

Marguerite "Margot" GACEL

Jean LESSARD, mari d'Angèle GERNIGON, et oncle maternel de ma grand-mère :

Jean LESSARD

Louis LESSARD, second oncle maternel de ma grand-mère :

Louis LESSARD

Suzanne LESSARD, la fille de Louis LESSARD :

Suzanne LESSARD

Jeanne DEZENAIRE, grand-mère maternelle du marié, surnommée « Mon Dieu donc ! », du nom de son interjection favorite. A noter qu'il est très exceptionnel à cette époque qu'un aïeul des époux soit présent … Jeanne DEZENAIRE ne décédera que 3 ans plus tard, à l'âge respectable de 88 ans :

Jeanne DEZENAIRE

Voici donc 5 personnes de plus dont j'apprends le nom, ce qui nous amène à 12 sur 32.

Je sollicite d'autres membres de ma famille paternelle, mais personne ne reconnaît qui que ce soit d'autre, il va donc falloir que je me débrouille autrement.

Je reprends donc les nombreuses autres photographies de famille dont j'ai la chance de disposer, et je cherche des ressemblances.

Tout d'abord, ce jeune homme dont le visage aurait pu inspirer Jean Cocteau.
 
Raymond GOUSSET

Je possède de lui moult photographies, et au dos de l'une d'entre elles, il est écrit « Raymond ».

Raymond … mon père porte ce prénom en second … Qui est le parrain de mon père, au fait ?

« Allô Papa, qui était ton parrain ? »

« Il s'appelait Raymond GOUSSET, c'était un ami de mon père, c'est bien lui sur la photo ».

On progresse, et l'envie me prend d'en savoir plus sur ce Raymond. Qui sait ? Je pourrais retrouver des descendants qui seraient heureux de disposer de toutes ces photos …

J'entame donc son arbre généalogique, et trois générations au-dessus, je m'aperçois que si c'était un copain de mon grand-père, c'était aussi et surtout … un cousin de ma grand-mère !

En effet, sa mère, Marie-Françoise DESPRES, était cousine germaine de la mère de la mariée, Marie-Ange LESSARD, décédée en 1928.

Sur d'autres photos, figurent Raymond et un couple plus âgé, probablement ses parents … Effectivement, je reconnais ces personnes sur la photo de mariage, et deux de plus d'identifiés !

Voici donc Marie-Françoise DESPRES et Joseph GOUSSET :
Marie-Françoise DESPRES
Joseph GOUSSET

Quant à cette dame, je la retrouve à nouveau sur cette photo, assise à côte d'un couple qui m'est également inconnu :

Louise TURPIN
Debout : Suzanne LESSARD, Louis LESSARD, Jean BAILLEUL, ?, Marguerite GACEL, Raymond GOUSSET et Marie SICOT Assis : Louis QUENTIN, Julienne CHEVALIER et Louise TURPIN



















Cherchant toujours en parallèle des descendants de mes arrières-grands-oncles et tantes, je contacte l'arrière-petite-fille par alliance de Louis LESSARD, lequel figure sur ces deux photos. Je lui envoie à tout hasard la photo supra, et là, bingo ! Sa réponse est toute simple : « Ce sont mes parents et ma grand-mère ».

Explication : Louis LESSARD avait épousé en 1913 Louise TURPIN, veuve et déjà mère de Louis QUENTIN, lequel épousera Julienne CHEVALIER.

Voilà une personne de plus, et en bonus, l'identification d'une autre photo.

16 identifiés sur 32, j'arrive à la moitié !

A mi-parcours, je peux déjà en retirer l'enseignement que les couples ne sont pas forcément placés côte à côte, ce qui ne me facilite pas la tâche …

Je me retrouve en manque d'idées pour continuer ; si seulement, je mettais la main sur un fil à tirer …

Ce fil, la Providence va me le fournir en la personne de ma cousine Marie-Janine qui m'envoie un lot de photos ayant appartenu à son père. Dans ce lot, figurent non seulement d'autres photographies prises le jour du mariage et qui le rendent plus vivant, mais surtout, mon grand-oncle avait pris la peine d'y inscrire quelques noms !




Mon ratio d'identifiés connaît alors un bond spectaculaire : 5 de plus !

Un petit garçon est identifié comme étant Roger LESSARD, nous y reviendrons.

Voici Césarine LOURDAIS, la seconde épouse de Jean-François FITAMANT. J'ai fréquemment entendu parler de la tante Césarine, la voici enfin :

Césarine LOURDAIS

Ce jeune homme bien bâti est désigné sous le nom de A.TRELUYER :

Albert TRELUYER

Ce nom de famille ne figure pas dans ma généalogie, s'agit-il d'un ami des mariés ? Que signifie le A : Armand ? Albert ? André ? Me voici donc en train de lister tous les A.TRELUYER nés en Ille et Vilaine entre 1900 et 1910, et de rechercher leurs descendants pour leur montrer cette photo. Travail de fourmi, mais j'y suis arrivée !
Son fils a reconnu Albert TRELUYER, âgé alors de 24 ans et membre de la chorale à la Paroisse Toussaints de Rennes, paroisse dans laquelle la famille BAILLEUL était très active, notamment en ce qui concerne les activités musicales.

Un beau jeune homme et une jolie petite fille sont nommés Pierre OLIVIER et Armandine OLIVIER. Tiens, Armandine OLIVIER ? Ça me rappelle quelque chose … Bon sang, mais c'est bien sûr !

Pendant la guerre de 14-18, mes arrières-grands-parents (les parents du marié) recevaient des cartes postales d'un ami prisonnier en Allemagne, et qui s'appelait Armand OLIVIER. Se pourrait-il que … ?

J'avais cherché il y a quelques années la fiche matricule de cet Armand OLIVIER, et j'avais perdu sa trace à Gorron, en Mayenne où il s'était retiré après la guerre.

Je m'en vais donc tout benoîtement interroger Google : « Armand OLIVIER Gorron », et là …
Armande OLIVIER



La petite fille de la photo me saute aux yeux, elle s'appelle en fait Armande, elle est bien vivante et vient de fêter ses 100 ans, ce qui lui a valu sa photo dans le journal local !

En un clic, j'ai l'adresse de la maison de retraite, en deux jours, j'ai rédigé un courrier accompagné d'une des cartes postales envoyées par son père, et trois jours après avoir posté la lettre, Armande me téléphone.

Je renonce à décrire la joie qui nous étreint toutes les deux ; selon les termes d'Armande, c'est une véritable résurrection ! Armande se souvient de tout avec une précision étonnante, allant jusqu'à me décrire la robe et le sac qu'elle portait au mariage (sac offert par mon arrière-grand-mère), les chansons qui furent chantées …

Les familles BAILLEUL et OLIVIER étaient liées par la plus vive amitié et le même amour pour la musique, Armande est ravie de pouvoir renouer les liens, et est prolixe en anecdotes sur mon grand-père et mon grand-oncle !

Quel bonheur de pouvoir discuter avec une centenaire, et de l'entendre raconter la vie à cette époque, c'est un véritable trésor, et Armande est une très belle personne, gaie, vive et optimiste.

Je lui envoie toutes les photos, et Armande se fait une joie de me désigner son frère, donc Pierre OLIVIER (qui finalement se prénomme André Pierre), et ses parents, Armand OLIVIER et Marie-Louise JOLY.

André Pierre OLIVIER
Armand OLIVIER
Marie-Louise JOLY

Me voici donc avec 23 personnes identifiées sur 32. Plus que 9 !

Essayons maintenant de faire des groupes ; d'abord, le petit Roger LESSARD ne peut pas être le fils de Louis LESSARD, qui n'a eu que Suzanne ; il n'est pas non plus le fils de Jean LESSARD, qui n'a pas eu d'enfant. 

Roger (André) LESSARD

Ce petit bonhomme n'étant pas venu tout seul, il doit être le fils du troisième frère LESSARD, Ernest.

Je savais qu'Ernest avait un fils, André Célestin Marie, né en 1922. L'âge pourrait correspondre, mais il ne s'appelle pas Roger …

Un autre fils ? J'interroge la base de données de l'INSEE qui répertorie tous les décédés entre 1970 et 2019 (et indique leurs dates et lieux de naissance, une mine d'or), à la recherche d'un Roger LESSARD qui serait né entre 1922 et 1925 en Seine-Maritime où résidait la famille.

Il y en a bien un, né en 1923, dont je m'empresse de demander l'acte de naissance à la mairie concernée.
Déception, ce n'est pas lui ... 
La base INSEE me fournit 3 autres Roger LESSARD dont je demande les actes de naissance ; hélas, aucun n'est rattaché à ma famille ...

Où seraient donc sur cette photo Ernest LESSARD et Célestine LESNE (si tant est qu'ils soient bien présents) ? Ils sont nés respectivement en 1896 et 1902, donc 34 ans pour lui et 28 ans pour elle.

Ce couple pourrait correspondre :

Ayant depuis longtemps fait mien ce principe chéri des généalogistes : "Pour aller là où tu sais, va par où tu ne sais pas", je pars à la recherche des frères et soeurs de Célestine LESNE ; heureusement, elle en avait trois, autant de pistes.
Appliquant cet autre principe éprouvé de : "Plus ça rate, plus il y a de chances que ça finisse par marcher", je ne compte plus les recherches sur le web, les courriers, les messages par tous les canaux possibles.
Et effectivement, ça finit par marcher ! J'entre en contact avec un petit-neveu de Célestine, qui l'a bien connue, ainsi que son mari Ernest. Ceux-ci venaient les voir deux fois par an, dans la Meuse où était établie la soeur de Célestine (Ernest travaillait à la SNCF et ne payait donc pas le voyage). En revanche,  mon interlocuteur est formel sur le jeune Roger LESSARD : inconnu au bataillon ! Ernest et Célestine n'avaient pour seul enfant qu'André.
Alors ... ? Solution la plus probable : mon grand-oncle s'est trompé de prénom en annotant les photos (ce fût le cas à deux reprises comme on l'a vu plus haut). La famille LESSARD (qu'il orthographie LESSAR) n'étant pas de son côté, l'erreur s'explique. 

Le couple restant est un peu plus jeune, il s'agit sans doute de jeunes mariés, voire de fiancés.
L'uniforme porté par cet homme va peut-être me donner un indice. Des membres du groupe facebook « Généalogie : recherches militaires » m'apprennent qu'il s'agit d'un artilleur, du 10ème régiment d'artillerie divisionnaire en garnison à Rennes.
Ceci ne me donne pas son nom, mais en continuant à chercher des collatéraux, si je tombe sur une fiche matricule avec ce régiment alors j'aurai peut-être ma réponse …

Qui reste-t-il ?

Ces trois messieurs et ces deux dames :




Joseph SICOT ?
Sur ce dernier monsieur, j'ai un doute ... Sur plusieurs photos familiales, il y a un homme que je ne parviens pas à identifier, dont le visage reste lointain ou dans l'ombre, et qui porte un faux col semblable à celui de la photo.
Vu qu'il est très souvent à coté de mon arrière-grand-mère, sans présence d'une autre femme, je suppose qu'il doit s'agir de Joseph SICOT, son frère resté célibataire. Il aurait 51 ans à l'époque du mariage, donc c'est cohérent.
De plus, sa fiche matricule précise : "Cheveux et sourcils noirs (ils ont blanchi 😉), yeux gris, front haut, nez moyen, bouche moyenne, menton ovale, visage allongé, taille 1m62".
Tout ceci m'incite fortement à penser que ce pourrait être lui, mais dans le doute ...

Et pour les autres ? Voyons, utilisons une méthode éprouvée, qui consiste à prendre le problème par l'autre bout, et demandons-nous qui a toutes les chances de figurer sur la photo …

Le père de la mariée, Hyacinthe GACEL ? Non, je sais par mon père que, pour une fâcherie quelconque, il était simplement venu à la mairie donner son consentement au mariage, puisque ma grand-mère était mineure, et n'avait pas participé à la suite de la journée.

L'autre sœur de la mariée, Geneviève GACEL ? Non, mon père l'a bien connue, et ne la voit pas sur cette photo.

L'autre oncle du marié, Victor SICOT et son épouse Pauline DAGORNE ? Oui, probablement, mais je n'ai aucune photo d'eux pour comparer. Victor avait en 1930 46 ans et Pauline 43. Tous deux n'ayant pas eu de descendants, personne ne pourra m'apporter de renseignements … sauf si, comme pour la famille LESSARD, je retrouve des petits neveux et nièces de Pauline DAGORNE !

Je reste donc avec mes inconnus dont j'espère qu'ils ne le resteront pas ... L'aventure continue !





lundi 25 mai 2020

J'ai fait un test ADN généalogique : premier bilan


Voici bientôt un an que je me suis lancée dans la généalogie génétique grâce au test ADN de MyHeritage, et il est temps de faire un premier bilan.
Vous trouverez ici (http://www.amesancetres.com.amesancêtres.com/2019/06/jai-fait-un-test-adn-genealogique.html) l'article que j'avais rédigé juste après avoir reçu mes résultats, vous allez voir que j'ai bien progressé depuis.

Tout d'abord, partant de 487 cousins potentiels en juin 2019, me voici à 748 (c'est en rédigeant cet article que je remarque l'inversion des chiffres, petit clin d'oeil du destin). Sur ces 748 correspondances (appelées aussi "matches"), j'ai de plus en plus de français, et je me retrouve désormais avec une vingtaine de correspondances exploitables contre huit à l'origine.

Comment tirer parti de ces correspondances ? Tout d'abord, en faisant de la généalogie classique, c'est-à-dire en construisant son arbre le plus loin possible, dans toutes les branches, selon les actes de l'état-civil et les registres paroissiaux. C'est à cette tâche que j'ai consacré le plus clair de mon activité cette année. Je pensais pourtant avoir un bel arbre, mais finalement, de nombreuses branches ne remontaient pas au-delà de la Révolution française, lacune que j'ai donc corrigée le plus possible.
Au menu, quelques belles découvertes (cousinages inattendus, branche noble) dont je vous entretiendrai dans un autre article.

Ceci fait, il me faut construire un "arbre miroir" pour chacun de mes vingt cousins les plus proches.
Par "proches", j'entends des cousins génétiques avec un segment d'ADN commun d'au moins 15 cM (centimorgans, hein, pas centimètres comme je le croyais au début 😂).

Là, deux approches : soit leur arbre généalogique est en ligne et je peux le parcourir et le compléter, soit il n'existe pas, et là, pas d'autre ressource que de leur adresser un gentil message via la messagerie interne de MyHeritage, en leur expliquant ma démarche et en croisant les doigts pour qu'ils répondent, ce qui n'arrive pas souvent.
C'est là que le bât blesse et que se lamentent les amateurs de généalogie par ADN, la plupart des personnes ont eu recours au test ADN simplement pour connaître leurs origines ethniques (ce qui est encore très loin d'être fiable, cf mon article précédent), et ceci fait, ne reviennent plus sur le site.

Cependant, j'ai réussi à surmonter cet obstacle dans la plupart des cas, et voici ce qu'ont donné mes recherches.

Tout d'abord, une grosse triangulation (quand trois personnes ont un segment d'ADN en commun) avec Micheline J. et son fils Thom J. : 22.1 cM avec la maman et 20.5 cM avec le fiston. Micheline répond très gentiment à mon message (ça commence bien) et m'apprend que ses ancêtres sont du Morbihan (ça continue bien, je suis morbihannaise à 25%). Par contre, je m'arrache les cheveux en construisant son arbre, j'y passe des mois, et finalement, je tombe sur le couple d'ancêtres communs : Etienne LORAND et Marguerite PASCO au XVIIè siècle à Moréac (Morbihan).

La recherche suivante est incomparablement plus facile, même si elle commence mal. Avec Julien J., j'ai 21.7 cM en commun, mais Julien ne répond pas à mes messages. Heureusement, en fouinant sur Facebook (où je trouve le nom de sa maman) et dans les avis de décès en ligne, j'arrive à reconstituer son entourage familial, et une fois arrivée à ses grands-parents, tout devient plus simple et j'arrive aisément à Joseph Dominique PICHARD et Julienne MAINGUENE, au XVIIIè siècle à Noyal sur Seiche (Ille et Vilaine).

Passons à André L. Là aussi, pas de réponse à mes messages, et je ne trouve rien à quoi me raccrocher. Cette recherche reste donc en attente.

Puis Philippe R. Il m'a répondu dans les tous premiers, et a lui-même poussé son arbre assez loin. Nous voici cousins au 11è degré par Marguerite LE GUEVEL et Armel RIBOUCHON, notaire au XVIè siècle à Plumelec (Morbihan).
Cerise sur la gâteau, le cousinage se fait via le fameux Julien GUEHO (cf http://www.amesancetres.com.amesancêtres.com/2019/02/julien-gueho-le-pere-inconnu.html) qui est donc désormais certifié comme étant mon arrière-grand-père !

Philippe P. avec 18.4 cM : ses noms et prénoms sont ultra courants, et il ne donne pas signe de vie, donc là aussi, c'est une recherche qui reste en suspens.

Marina G. : pas moyen de la joindre, mais je trouve sur Généanet un de ses cousins par alliance qui a construit une partie de son arbre, et avec l'aide de celui-ci, j'arrive à reconstituer l'arbre de la demoiselle. Les ancêtres communs sont Olivier TREHONDAT et Marguerite MARION, au XVIIè siècle à Elven (Morbihan).

Laurence B. :  sa fille me répond et se passionne elle aussi pour cette recherche. Nous n'avons toujours pas abouti, mais le cousinage doit se trouver du côté de Sérent (Morbihan) dans les familles GUEHO et TREGAROT.

D'autres recherches ont abouti ou ont bien avancé, mais il serait fastidieux de toutes les lister.
A noter que j'ai également transféré mon fichier ADN sur Généanet, sur FamilyTree DNA (deux correspondances intéressantes dont une résolue) et sur Gedmatch. Pour ce dernier site, que des correspondances américaines trop faibles.

Bilan de ces cousinages ?
Je suis surprise par la surreprésentation de résultats morbihannais, laquelle ascendance ne compte pourtant que pour un quart dans mon arbre. Le morbihannais serait-il plus friand de tests généalogiques que le bretilien ou le costarmoricain ?
De belles rencontres, y compris et peut-être même surtout avec deux personnes nées de père inconnu, dont la recherche de leurs racines se poursuit, et pour lesquelles j'ai au moins eu le mérite de fermer une porte.

Nouveaux travaux à mener ?
Deux belles aventures se profilent : il y a trois correspondances, l'une de 17cM, et les autres de 14.9 et 15.3 cM (la mère et le fils) que j'ai volontairement laissées de côté pour le moment, car il s'agit de cousins outre-Atlantique.
Un québécois qui m'a gentiment renseignée sur ses ancêtres de La Rochelle, et deux américains que je n'ai pas encore contactés.
La longueur des segments ne laisse aucun doute sur la réalité du cousinage, là aussi vers le XVIIè siècle, je suis donc certaine que des frères ou soeurs de mes ancêtres sont partis vers le Nouveau-Monde, et je ne peux m'empêcher de penser à la mémoire familiale qui fait état d'un lointain grand-oncle qui serait parti au Mexique sans plus donner de nouvelles.
Les recherches vont être beaucoup plus compliquées que les précédentes, mais enthousiasmantes !

J'ai également bon espoir d'arriver à connaître un jour les deux pères inconnus qui subsistent dans mes aïeux : le père de mon arrière-grand-père Jean BAILLEUL (que j'ai évoqué dans http://www.amesancetres.com.amesancêtres.com/2018/09/jean-bailleul-ou-la-belle-epoque.html) et le père de mon arrière-arrière-grand-mère Françoise RAULT.
Pour cela, il me faudra continuer à creuser tous les cousinages qui se présentent.
Le jour où j'aurai deux recherches non abouties (pour lesquelles je ne trouve pas le lien avec mon arbre), mais qui sont liées entre elles, alors j'aurai un début de piste (un village, un nom...). A moi de continuer encore, jusqu'au jour où tout remontera vers un seul individu. Je sais d'avance que ce sera très long, mais l'avantage du test ADN, c'est que les résultats sont exploitables à vie, et même après si mes descendants souhaitent continuer !




mercredi 26 février 2020

Le côté obscur de la généalogie



« Les gens heureux n'ont pas d'histoire », et c'est vrai, surtout en généalogie !

Combien de vies paisibles englouties dans la mémoire familiale, et dont je ne parviens à exhumer que les lieux et dates de naissance, de mariage et de décès. En revanche, quelques existences ont été plus mouvementées : crimes odieux, accidents tragiques, déchéance ... Parfois, le malheur s'acharne, parfois, certains ont fait de mauvais choix.
Tous nos ancêtres n'ont pas été valeureux, honnêtes, ou tout simplement épargnés par le destin. C'est une réalité à prendre en compte quand on commence à fouiller dans la vie de ceux qui nous ont précédés. Il m'est arrivé plus d'une fois de refermer l'ordinateur, dégoûtée ou bouleversée de ce que j'avais trouvé, me sentant un peu coupable d'avoir mis au jour un secret que de plus proches que moi avaient ignoré.

C'est pourquoi, sauf exception, je ne dévoilerai pas de noms dans cet article, et me contenterai de compiler le fruit de mes recherches, manière pour moi de laisser une trace de leur malheureuse histoire, ou de ne pas porter seule le poids de ces découvertes (certains disent que la généalogie est une thérapie gratuite).

J'ai déjà évoqué un criminel, qui sût heureusement se remettre sur le droit chemin, et sa première épouse, l'inénarrable Yvonne GALOPIN, dans Le mystérieux Monsieur LE BOUX - Histoire d'une rédemption

Dans le registre pénal, les fiches matricules militaires sont une mine de renseignements, car elles relatent les condamnations. Je trouve ainsi un collatéral par alliance condamné deux fois dans les années 1930 pour « attentat à la pudeur ». Ce vocable recouvre des réalités bien différentes , de l'adepte des galipettes champêtres, à l'homosexuel réprouvé, jusqu'à l'ignoble pédophile. De quoi s'agissait-il en l'occurrence ? Je n'ai pas voulu rechercher plus loin dans les archives judiciaires …

De temps en temps, la condamnation est plus détaillée et les articles de journaux l'explicitent davantage : un jeune homme s'était servi dans la caisse de l'association dont il était le trésorier. Il restitua les sommes détournées, et mourut en héros sur un champ de bataille en 1915 …

Il peut même s'agir d'un feuilleton judiciaire, telle l'affaire de ce qu'on appelait à l'époque des « débits borgnes », et qu'on appelle aujourd'hui des « bars à hôtesses ». Une arrière-arrière-grande-tante fût condamnée pour avoir tenu un établissement de ce genre à Saint Malo, en 1912.

Certains échappent à la justice des hommes, tel celui qui, au retour d'une nuit de beuverie, précipita sa femme dans l'escalier, sous les yeux de leurs trois fils. La malheureuse mourut sur le champ, et les trois enfants furent confiés à un oncle paternel. C'est la mémoire familiale qui fût seule dépositaire de ce crime impuni.

Je mentionnais plus haut les articles de journaux, ils sont riches en détails sur les suicides, accidents, infanticides, bagarres d'ivrognes et même scènes de ménage.

J'ai déjà publié sur ce site l'article concernant le décès subit de mon arrière-arrière-grand-père François BAILLEUL, victime d'une attaque alors qu'il travaillait sur un chantier à l'âge de 64 ans, en plein mois d'août.

Autre accident du travail, particulièrement atroce, qui frappa une cousine de ma grand-mère paternelle :



Les accidents domestiques ne sont pas rares non plus, surtout concernant les enfants :

Les suicides sont légion, et les journaux n'épargnent aucun détail glaçant : entre celui qui se pend avec un fil de fer barbelé ou celle qui se jette dans un puits, j'en compte déjà quatre dans les premières années du XXè siècle …

Les archives des services sociaux sont aussi intéressantes à consulter. Ayant découvert qu'une collatérale par alliance avait été confiée à l'Assistance Publique en 1916, j'ai voulu consulter son dossier pour savoir comment celui-ci se présentait.
Une gentille bénévole, habituée de ce genre de recherches, est allée aux Archives de Paris le photographier. J'aurais dû sentir dès le début qu'il y avait un problème : la bénévole me confie qu'elle est surprise de l'épaisseur du dossier !
Effectivement, plus j'avance dans sa lecture, et plus je regrette de l'avoir consulté …
Tout commence par la naissance d'une petite fille à Paris en 1916, de père inconnu. La mère ne l'abandonne pas, mais la délaisse clairement. On apprend au fil du dossier, que le nourrisson reste seul des heures dans l'appartement, avec sa cousine germaine du même âge, alors que les deux mères se prostituent en bas de l'immeuble avec des soldats en permission …
La mère n'oublie pas en revanche d'envoyer moult courriers aux services sociaux pour réclamer le paiement de secours.
L'enfant finit par lui être retirée et envoyée en province. Très jeune, elle est employée comme bonne. On continue dans le sordide, en apprenant qu'adolescente, elle est contaminée par la syphilis … Elle en guérira, se mariera et, devenue mère à son tour, écrira sans succès aux services sociaux pour savoir ce qu'est devenue sa mère.
Ce qu'est devenue sa mère, je le sais désormais, alors que sa propre fille ne l'a jamais su : elle est décédée en 1920, alors que sa fille n'avait que 4 ans …

Dans ma branche maternelle, cette fois, j'ai également une petite fille née en 1873, à Paris, à la Prison Saint Lazare, lieu de détention des prostituées. Sa mère n'a que seize ans. Seize ans …
« La prison de Saint-Lazare – Un arrivage dans la cour de l’Administration »,
en voitures cellulaires, Journal L’Illustration du 13 février 1897.

Là aussi, l'enfant lui sera retirée et envoyée au fin fond de la Bretagne. La petite fille grandira, se mariera, … et décédera trois jours après avoir donné la vie à une cousine germaine de ma grand-mère.

« Quelle famille ! » vous dites-vous … Rien de bien original, cependant : il suffit de s'intéresser aux différentes sources disponibles, et bien des histoires glauques remontent à la surface.
Pour contrebalancer, on trouve également (et surtout!) des mères de famille méritantes, des pères dévoués, des ascensions sociales remarquables, des héros de guerre, des familles unies …
C'est ainsi qu'à l'avenir, je vous raconterai des vies heureuses, ou du moins pas trop éprouvées, j'en ai plein en réserve, mais elles sont plus difficiles à reconstituer par nature !